Monsieur Lazhar finaliste à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère

Monsieur Lazhar va aux Oscars

MONTRÉAL - Le film «Monsieur Lazhar», du réalisateur québécois Philippe Falardeau, fait partie des cinq finalistes qui se disputeront l'Oscar du meilleur film en langue étrangère le 26 février.

Les nominations pour la remise des prix de l'Academy of Motion Picture, Arts and Sciences ont été annoncées mardi matin à Hollywood.

«Je me sens comme un joueur de hockey qui est incapable de s'exprimer après avoir gagné la coupe Stanley et qui sort des mots comme 'incroyable' ou 'indescriptible'», a déclaré Philippe Falardeau, visiblement ravi, en conférence téléphonique.

Le cinéaste a appris la bonne nouvelle en regardant en direct sur le Web le dévoilement des finalistes alors qu'il se trouvait à Park City, en Utah, pour le Festival du film de Sundance, où «Monsieur Lazhar» est présenté hors compétition.

«Je faisais les cent pas, je ne regardais pas l'écran. Au moment des nominations pour l'Oscar du film en langue étrangère, je n'écoutais que le nom des pays», a-t-il raconté. «Quand j'ai entendu 'Canada', j'ai sauté dans les bras de mon producteur, Luc Déry, comme un bébé. Et on criait tellement qu'on n'a même pas entendu la dernière nomination!»

Philippe Falardeau s'est dit particulièrement heureux que son oeuvre intime, tournée avec un budget relativement modeste, côtoie des productions hollywoodiennes dans le gala le plus prestigieux de l'industrie américaine.

«Je pense que cette nomination constitue un encouragement à continuer à faire les films que l'on a en-dedans de nous, et à ne pas essayer de copier des recettes, surtout des recettes qui exigent des moyens que l'on n'a pas», a affirmé celui qui a aussi réalisé «La Moitié gauche du frigo», «Congorama» et «C'est pas moi, je le jure!».

«Pour moi, la reconnaissance artistique que reçoit 'Monsieur Lazhar' aujourd'hui rayonne sur toute notre production de cinéma d'auteur, et je crois qu'il faut se réjouir collectivement de ça.»

Les adversaires de «Monsieur Lazhar» aux Oscar sont «In Darkness» (Pologne), «Footnote» (Israël), «Bullhead» (Belgique), et surtout «A Separation» (Iran), qui a remporté le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère le 15 janvier dernier. Le film sortira en salle au Québec le 24 février, deux jours avant la cérémonie des Oscar.

Un parcours impressionnant

Sorti au Québec en octobre, «Monsieur Lazhar» raconte l'histoire d'un immigrant algérien embauché pour remplacer une enseignante d'une école primaire montréalaise qui s'est suicidée dans sa classe.

Le long-métrage, basé sur une pièce d'Évelyne de la Chenelière, a connu un grand succès ici comme ailleurs. Il a notamment été sacré meilleur film canadien au Festival de Toronto, et a raflé deux prix au Festival de Locarno, en Suisse.

Pour Philippe Falardeau, le secret de la réussite de «Monsieur Lazhar» réside dans les nombreux enjeux qu'il aborde, et qui lui permettent de rejoindre différents publics.

«Il y a des gens pour qui le film est très important parce qu'il parle des conséquences du suicide pour ceux qui restent. D'autres sont touchés par le fait que ça se passe dans une classe du primaire, ou parce que ça traite du phénomène de l'immigration», a-t-il illustré. «Au final, je pense que la charge émotive qu'amènent les enfants — et aussi le jeu subtil de Mohamed Fellag — expliquent en partie pourquoi le film s'est rendu jusque-là.»

Interrogé sur les nouvelles portes que le parcours impressionnant de son quatrième long-métrage ne manquera pas de lui ouvrir, le réalisateur garde la tête froide.

«C'est sûr que ça peut aider si je décide de travailler sur un projet qui a un petit peu plus d'ampleur, qui demande un financement plus élevé, ou dont j'aurais envie de faire lire le scénario à des comédiens qui évoluent dans des sphères plus difficiles à atteindre», a-t-il admis.

«Mais n'allez pas écrire ou dire que je me lance dans un film avec des acteurs hollywoodiens! Je le dis et je le répète: je vais continuer à faire appel à des acteurs québécois.»

Le cinéaste a d'ailleurs déjà commencé à songer à sa prochaine production, même si l'effervescence entourant «Monsieur Lazhar» ne lui laisse pas beaucoup de répit.

«Oui, j'ai des projets personnels, toujours avec mes mêmes producteurs, Kim McGraw et Luc Déry, et je jongle présentement avec deux scénarios et demi», a-t-il révélé. «Mais je peux vous dire que la nomination aux Oscar n'aide pas le travail. Ça va reporter le moment où je vais pouvoir m'asseoir quatre ou cinq jours d'affilée et recommencer à travailler.»

«Monsieur Lazhar» est le sixième long-métrage canadien à être en lice pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, après «Incendies» de Denis Villeneuve en 2011, «Water» de Deepa Mehta en 2007, ainsi que trois oeuvres de Denys Arcand: «Le Déclin de l'empire américain» en 1987, «Jésus de Montréal» en 1990, et «Les Invasions barbares» en 2004, qui avait gagné la statuette.

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