Taux de chômage: hausse au Canada, baisse au Québec

Taux de chômage: hausse au Canada, baisse au Québec

OTTAWA - Le marché du travail canadien a culbuté en janvier en ne créant pratiquement pas d'emplois, affichant un fort contraste avec celui des États-Unis, où les chiffres du mois dernier, bien plus forts que prévu, laissent croire que la reprise économique est en train d'y prendre un réel élan.

L'emploi canadien s'est accru de seulement 2300 emplois en janvier, a indiqué Statistique Canada, une donnée insignifiante du point de vue statistique. Le marché de l'emploi déçoit ainsi pour un septième mois consécutif.

Le dollar canadien a cédé plus d'un tiers de cent US à l'annonce des plus récentes données, émises à 7 h 00, mais est reparti à la hausse quelque 90 minutes plus tard lorsque les États-Unis ont indiqué que leur économie avait engendré 243 000 nouveaux emplois en janvier — un sommet de neuf mois — et que leur taux de chômage avait retraité à 8,3 pour cent, son plus faible niveau en trois ans.

Au Canada, puisqu'un plus grand nombre de personnes se sont mis à la recherche d'un emploi, l'insignifiant gain du mois dernier n'a pas été suffisant pour empêcher le taux de chômage de grimper pour une troisième fois en quatre mois. Il a atteint 7,6 pour cent, son plus haut niveau depuis avril.

Au Québec, le taux de chômage a reculé de 0,3 point pour s'établir à 8,4 pour cent. Quelque 9500 emplois ont vu le jour dans la Belle Province, mais la hausse du taux d'emploi n'a profité uniquement qu'aux travailleurs à temps partiel. Environ 10 000 emplois ont été créés dans ce secteur, alors que le nombre d'emplois à temps plein a diminué de 500 postes.

Les Québécois âgés de plus de 25 ans ont remporté la majorité des nouveaux emplois, avec 8500 postes, contre seulement 1500 pour les 15 à 24 ans.

Le mois de décembre avait été désastreux pour le marché du travail du Québec, alors qu'un total net de 25 700 emplois avaient été perdus.

Gazon plus vert aux États-Unis

Selon l'économiste Douglas Porter, de la Banque de Montréal, la réaction du marché a été excellente pour les États-Unis, et elle profitera aussi au Canada. Le huard a clôturé vendredi en hausse de 0,6 cent US à 100,64 cents.

«C'est la plus grande nouvelle aujourd'hui, même pour le Canada, parce qu'il semble vraiment que les États-Unis se sont dérouillés et qu'ils recommencent à bouger», a-t-il affirmé.

«Je crois qu'un des grands thèmes cette année est qu'après six années à surpasser les États-Unis, le Canada se retrouve de l'autre côté. Il semble que les États-Unis commencent finalement à croître plus rapidement que le Canada.»

Malgré tout, les États-Unis comptent toujours cinq millions d'emplois de moins qu'avant la dernière récession, tandis que le Canada les a déjà tous récupérés.

Selon M. Porter, les Canadiens profiteront de la croissance américaine puisque 70 pour cent des exportations prennent la direction du sud de la frontière.

Avec un certain retard, la meilleure reprise des États-Unis devrait appuyer la création d'emplois dans les industries productrices de biens au Canada, soit les secteurs de la fabrication, du transport, du commerce de gros, et de l'extraction de ressources naturelles, a-t-il prédit.

L'emploi peine depuis l'été 2011

Mais la faiblesse soutenue de l'économie canadienne — particulièrement sur le front des emplois — inquiète certains économistes, qui réclament du gouvernement de nouvelles mesures pour stimuler la reprise.

Les économistes s'attendaient en moyenne à la création de 25 000 emplois en janvier au Canada, compte tenu que le marché faisait preuve de faiblesse depuis déjà un certain temps.

Après un solide début d'année en 2011, le marché du travail canadien est essentiellement tombé en panne l'été dernier et a créé un total d'environ 20 000 emplois dans les six derniers mois.

Ces 12 derniers mois, l'économie a produit 129 000 nouveaux emplois — pratiquement tous lors des six premiers mois de 2011. C'est l'une des plus faibles performances à ce chapitre depuis plusieurs années pour une période de croissance économique.

La stagnation de la deuxième moitié de l'année a coïncidé avec des conditions économiques généralement plus faibles et un recul de la confiance des entreprises en raison de l'incertitude mondiale. Plus tôt cette semaine, Statistique Canada a indiqué que l'économie canadienne s'était contractée en novembre, après avoir fait du surplace en octobre.

La croissance des salaires, de deux pour cent, continue de traîner derrière l'augmentation du coût de la vie, l'inflation s'établissant à 2,3 pour cent. En Ontario, les salaires n'ont crû que d'un pour cent par rapport à l'année précédente.

«Compte tenu des vents contraires qu'affronte l'économie canadienne, nous ne croyons pas que la croissance économique va rebondir significativement de sitôt», a affirmé David Madani, analyste chez Capital Economics. «Nous croyons qu'un assouplissement de la politique monétaire sera bientôt requis.»

Mais d'autres analystes ont noté que le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, s'est montré hésitant à réduire le taux d'intérêt directeur, actuellement à un pour cent, de crainte d'encourager encore davantage l'emprunt et ainsi d'accroître la dette des ménages.

Par ailleurs, les données de l'emploi publiées vendredi pourraient inciter les partis d'opposition à demander à nouveau au gouvernement Harper de ralentir ses mesures d'austérité financière. Selon un rapport, Ottawa pourrait ainsi éliminer 60 000 emplois au cours des trois prochaines années.

L'indicateur le plus marquant du rapport janvier se trouvait dans le nombre d'employés au Canada, qui a grimpé de 39 200, mais a été annulé par un déclin similaire du nombre de travailleurs autonomes.

Cela est généralement considéré comme un signe encourageant parce que lorsque l'économie est faible, plusieurs personnes qui n'arrivent pas à trouver du travail se tournent vers le travail autonome, même si les salaires sont généralement plus faibles.

Du point de vue des secteurs, celui des services professionnels, scientifiques et techniques comptait 45 000 travailleurs en moins. Le secteur de la construction a aussi perdu des emplois, malgré les températures saisonnières plus élevés qu'à l'habitude.

En revanche, l'emploi a grimpé dans les secteurs de l'éducation, de l'information, de la culture et du divertissement, et des autres services.

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